Source: L’Orient le jour | 17 November 2012 | Country: Beirut, Lebanon

Incertitudes économiques : les ténors du secteur bancaire sont rassurants

Les grands noms des secteurs bancaire et financier du pays se sont relayés hier à l’occasion du Forum bancaire arabe pour rassurer les Libanais, mais également les investisseurs étrangers, sur la capacité du Liban et de la région à relever les nombreux défis économiques en ces temps de crise.
« Le Liban est l’un des rares pays à n’avoir pas subi les ravages de la crise financière mondiale », a affirmé hier le Premier ministre Nagib Mikati dans une déclaration qu’il a faite à l’occasion de l’inauguration à Beyrouth de l’édition 2012 du Forum bancaire arabe sous le thème de « La stabilité économique en période d’incertitudes », organisé par l’Union des banques arabes. Parmi les invités, étaient présents le président de l’Union des Chambres arabes de commerce, Adnane Kassar, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, le président de l’Union des banquiers arabes, Joseph Torbey, le président de l’Union des banques arabes, Adnane Youssef, les différents gouverneurs des banques centrales arabes, ainsi que les ministres Adnane Mansour, Walid Daouk, Fadi Abboud, Chakib Cortbaoui et Vrej Sabounjian. 
« Le gouvernement met aujourd’hui en œuvre tous les moyens nécessaires pour soutenir l’économie nationale », a assuré M. Mikati, citant en exemple l’aide au secteur privé, le soutien au développement des régions et des municipalités ou la réforme des administrations publiques. « Concrètement, le gouvernement a déjà transmis au Parlement plusieurs projets de lois, comme celui des marchés financiers, de l’initiative gouvernementale pour les jeunes, ou encore la loi pour la lutte contre le blanchiment d’argent », a-t-il ajouté. 
Le Premier ministre a également indiqué que son gouvernement accordait une grande importance au développement des infrastructures, notamment dans le secteur de l’énergie. « Notre priorité est d’augmenter la capacité de production de l’électricité, d’avancer sur le dossier des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée et de développer les ports du pays », a affirmé M. Mikati.
Il a par ailleurs insisté sur le rôle moteur du secteur bancaire au Liban, comme stabilisateur de l’ensemble de l’économie. « Les banques libanaises, grâce au soutien du gouverneur de la BDL, ont réussi à maintenir un niveau de dépôts important », a souligné le Premier ministre. Il s’est enfin adressé à l’ensemble de la classe politique, exhortant tout un chacun de ne pas utiliser l’économie à des fins personnelles. 
 
Salamé : Assurer une croissance élevée
De son côté, le gouverneur de la BDL a reconnu dans son intervention la gravité de la situation économique et monétaire mondiale et régionale, citant la crise de la dette souveraine en Europe, la difficulté des États-Unis à réduire leur dette externe, le recul de la croissance dans les pays en développement, la diminution des réserves en devises des pays arabes non pétroliers et leur rapprochement d’une croissance négative. « Toutes ces données poussent les pays à se renfermer dans un protectionnisme contre-productif qui se reflète dans la guerre des devises », a déclaré M. Salamé. 
Le gouverneur de la BDL est néanmoins resté optimiste sur la capacité du Liban à aller de l’avant. « La croissance de 2 % prévue cette année devrait être atteinte et le pays devrait pouvoir assurer ses besoins grâce à un secteur financier qui demeure solide, a-t-il indiqué. Nous nous sommes engagés à renforcer la capitalisation des banques libanaises conformément aux directives de Bâle III et même à des critères plus stricts, afin de rester en cohésion avec le courant actuel de la mondialisation financière », a ajouté M. Salamé. 
Il a mis l’accent sur le travail de la BDL dans la facilitation d’obtention des crédits « qui devraient croître de 10 % cette année et booster la croissance et les embauches ». « Cette situation pourrait bien évidemment creuser le déficit de la balance commerciale, mais elle ne serait pas inquiétante au vu de la quantité de devises disponibles dans les banques commerciales et au sein de la BDL », a assuré M. Salamé. 
Il a par ailleurs annoncé que la BDL allait bientôt lancer de nouvelles initiatives pour assurer des crédits intéressants dans l’immobilier, les énergies renouvelables et les secteurs les plus productifs. « Le Liban possède tous les atouts et capacités pour atteindre des niveaux de croissance élevés dès que la situation politique sera stable et que la crainte des événements sécuritaires aura disparu », a conclu M. Salamé. 
 
Torbey et l’importance de la stabilisation sécuritaire
Même son de cloche du côté du président de l’Union des banquiers arabes. « Il est vrai que les conséquences du printemps arabe et la crise économique et financière mondiale ne facilitent pas les choses, mais les pays arabes ont les capacités techniques et humaines pour dépasser les difficultés conjoncturelles, a affirmé M. Torbey. Aujourd’hui, le seul vrai défi qui se pose au secteur bancaire arabe est celui de l’instabilité régionale », a-t-il ajouté. Selon M. Torbey, c’est uniquement dans un climat de confiance sécuritaire que les investissements pourront affluer vers la région et que des relations économiques solides seront tissées avec le reste du monde. 
Concernant les performances des banques libanaises, M. Torbey s’est voulu rassurant. « Malgré une année difficile, les dépôts ont crû de 5,4 % sur les neuf premiers mois de 2012, comparés aux 6 % au cours de la même période de 2011 », a-t-il indiqué. De même, il a annoncé que les réserves en devises de la BDL ont atteint leur niveau le plus élevé, « dépassant le seuil des 35 milliards de dollars fin octobre 2012 ». 
 
Kassar confiant
Le président de l’Union des Chambres de commerce arabes, Adnane Kassar, est lui aussi resté optimiste. « Les temps sont durs et l’instabilité politique régionale fait fuir les investisseurs, mais cette situation ouvre la voie au changement et aux réformes qui s’avèrent nécessaires, a-t-il indiqué. Le courage des Libanais leur a permis de résister aux différentes crises et chocs qu’a connus le pays depuis des décennies », a affirmé M. Kassar, assurant que cette force, conjuguée à la capacité d’adaptation du secteur privé, allait permettre au Liban d’aller de l’avant et de ramener la croissance. 
Beaucoup d’optimisme donc en cette journée de conférence. Saura-t-il seulement convaincre les citoyens et surtout les investisseurs ?
 

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